« Kōlam sur les pavés de Bruxelles, échos bariolés d’Orient en Occident »

mardi 9 avril 2024    
20 h 30 min

« Tout d’abord…

Il faut aller en Inde pour comprendre comment est né ce projet et c’est ce qu’à fait Lydie Thonnard.

C’est en voulant approfondir son apprentissage de la musique indienne qu’elle y est allée, il y a quelque mois, avec son ami pianiste et clarinettiste Gilles Carlier. Là-bas ils rencontrent le violoniste Sumanth Manjunath qui est un réel coup de coeur, tant humainement qu’artistiquement. Sans même se connaître, la connexion se fait très rapidement et n’a cessé de grandir durant le voyage.

À son retour, Lydie entend que Sumanth Manjunath est de passage en Europe, elle va profiter de sa venue pour le faire bifurquer sur Bruxelles afin de pouvoir revivre un moment de musique et rejouer ensemble.

Pour le concert ils seront en quatuor, avec Sumanth Manjunath au violon et voix, Yashwant Hampiholi au mridangam, Lydie Thonnard à la flûte et voix puis Gilles Carlier au piano.

La majeure partie de la musique indienne est improvisée ce qui laisse une grande liberté aux interprètes. Et dans ce projet, elle aime cette vision de la musique sans l’intervention de l’égo, juste être là, à sa place, sans jugement, les notes jouées sont celles qui doivent être expriméessur le moment. C’est une histoire d’énergie, d’ouverture et de présence à l’instant t et d’ailleurs si elle devrait décrire ce projet en mots simples ce serait « la rencontre, le plaisir simple du partage sans prétention ».

 

Parlons rencontres…

De manière chronologique, la première, s’est faite il y a plus de 7 ans avec Gilles Carlier…

Tout d’abord professeurs à l’académie tous les deux, ils se sont assez bien entendu humainement et pédagogiquement et ont eu des projets en commun avec leurs élèves. Ils se sont perdus de vue puis se sont retrouvés il y a  3 ans au Conservatoire Royal de Bruxelles où ils ont repris des études au sein de la nouvelle section « Rythmes et Rythmiques ». Ils sont également devenus collègues et c’est dans la cour du conservatoire que leur vient cette envie d’aller ensemble en Inde.

Après des années à collaborer ensemble professionnellement, c’était la premièrement fois qu’ils se sont rencontrés musicalement. Une vraie découverte.

 

Avec Sumanth Manjunath…

Lydie a rencontréSumanth lors d’un workshop quand elle étant en Inde, en décembre dernier. C’était un workshop donné par le père de Sumanth qui n’est autre que le grand violoniste indien Mysore Manjunath. Elle le rencontre donc à l’école sans connaître au préalable ce lien de sang et c’est quand elle ira vers lui entre deux cours qu’il lui révélera qu’il est le fils du musicien.

Avec le percussionniste ?

Yashwant Hampiholi en vérité, elle ne l’a jamais rencontré, elle ne le connait pas et c’est d’ailleurs un trait de personnalité commun à la musique indienne que de ne pas connaître à l’avance les personnes avec qui on s’apprête à jouer. Ils vont se découvrir quelques jours avant le concert voire quelques heures avant !

 

Et avec PLOEF! ?

Elle n’est jamais venue encore et n’a donc encore jamais vu le lieu !

Elle donne des ateliers de voix chez elle puis en racontant le fait qu’elle voulait trouver un lieu pour jouer avec Sumanth une des chanteuses lui parle de PLOEF!

 

Parlons Lydie…

 

  • Ses inspirations…

Lydie Thonnard a eu une formation en tant que flûtiste classique puis s’est rapidement rapprochée de la musique classique contemporaine à travers laquelle elle pu développer d’autres techniques de jeu, apporter une large palette de couleurs à sa pratique. Durant cette période elle s’est penchée sur des groupes de musique traditionnel et de jazz contemporain dont plusieurs groupes belges dont Tricycle ou encore Aka Moon qu’elle a beaucoup écouté.

Elle n’écoute pas que de la flûte mais ça reste quand même très inspirant, elle pense notamment à Magic Malik, flûtiste français qui a une technique de jeu qu’elle apprécie beaucoup. Il y a aussi Henri Tournier, français lui aussi, qui a une double facette qui lui plaît, il joue aussi bien de la flûte moderne que du bansuri, la flûte en bambou jouée en Inde du Nord. C’est cette double approche de la musique occidentale et orientale, axée sur la rencontre d’autres cultures qui rentre en résonance avec le parcours de Lydie. Curieux et humble, il est ouvert sur le monde et n’a pas cette volonté d’appropriation culturelle, il sait ce qu’il maîtrise et ce qu’il peut encore découvrir, pour son plus grand plaisir.

  • Dans les collaborations…

C’est l’humain qui compte avant tout.

  • Ce qu’elle aime écouter…

Elle n’a pas de style en particulier, elle aime toutes les musiques qui la font vibrer, que ce soit de la musique traditionnelle, classique, contemporaine, vocale, instrumentale, il n’y a pas de règle. C’est au coup de coeur et à l’obsession !

  • La notion de risque dans sa vie…

Dans sa vie, le risque s’impose à elle par naïveté. C’est en restant focus sur quelque chose et en fonçant qu’elle se rend compte, après coup, du risque que c’était, que ce soit dans les voyages, la musique etc.

  • Une découverte récente qui lui a appris quelque chose…

Dernièrement, elle a découvert un instrument incroyable : la basse aux pieds.

Tout commence lors de son voyage en Inde durant lequel elle a composé une dizaine de nouveaux morceaux. La musique indienne est construite autour de deux pôles : le rythme et la mélodie. Cette dernière se déploie toujours par rapport à un bourdon, une note continue qui soutient le discours et correspond à la première note de la gamme utilisée. Lydie souhaitait trouver un instrument pouvant jouer ce rôle de « pédale » tout en jouant de la flûte. En cherchant, elle découvre qu’il existe un instrument belge, créé à Namur à la fin du XIXeme siècle qui pourrait bien correspondre à sa recherche : la basse aux pieds ! De fil en aiguille elle va rencontrer l’accordéonisteBenjamin Macke, qui pratique cet instrument depuis plus de 10 ans.

Pour elle ça a a été une vraie découverte et Benjamin Macke, une réelle belle rencontre ! »